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1866: chronométrage (Longines) au Cernil

1866: chronométrage (Longines) au Cernil

En octobre 1866, au moment où Ernest Francillon bâtit à Saint-Imier une usine sur des terrains qui donneront leur nom à son entreprise, une course de trot attelé se déroule au Cernil de Tramelan, probablement en sa présence. Le concours, organisé par une «société de citoyens amateurs», est réservé aux éleveurs des districts de Courtelary, Moutier et des Franches-Montagnes. Il a pour ambition de contribuer à «améliorer la race chevaline du Jura» en encourageant les propriétaires «à développer et à dresser l’allure du cheval, qualité essentielle pour en favoriser l’écoulement à des prix élevés». Les trois premiers peuvent espérer toucher un prix de 100, 60 et 40 francs pour une finance d’inscription de 51.
 

La première usine Longines, inaugurée à Saint-Imier au printemps 1867. Jacqueline Henry Bédat : Longines, p. 79.

 
Jean Müller, vétérinaire à Tramelan et nouvel élu au Grand Conseil bernois, a pris l’initiative d’organiser cette manifestation. Le député est épaulé par le préfet des Franches-Montagnes, Conrad Kalmann, ainsi que par des personnalités de celui de Courtelary: le commandant Albert Morel, de Corgémont, le major Ernest Francillon, à St-Imier, et les frères Brandt, à La Ferrière, tous fabricants dans l’horlogerie.
 
Le Cernil à la fin du XIXe siècle. Stähli, Roland: Histoire de Tramelan. Tome 2, p. 202.
Les épreuves, fixées au jeudi 25 dès 10 heures du matin, se déroulent sur la route de Tramelan à La Theurre avec 13 participants. Malgré un temps couvert, la manifestation attire un nombreux public. Une modeste cantine, tenue par M. Monnier, est improvisée dans la plaine du Cernil pour accueillir les spectateurs et leur permettre de se sustenter. On a aussi dressé un arc de triomphe, orné de guirlandes, pour marquer le point de départ et d’arrivée de la course2. Les chevaux, tous attelés à la même voiture, ont à parcourir une distance de 11 klm. Chaque concurrent est accompagné d’un membre du comité pour surveiller l’allure et empêcher que le trotteur ne soit fouetté. Le chronométrage est assuré au moyen de deux montres, l’une «à secondes indépendantes» et l’autre «à poucette». Spécialement «arrangées pour concours» par Ernest Francillon, elles marquent «la durée de chaque course avec une précision admirable».
 

Longines, calibre 20A, premier mouvement créé par l’entreprise, récompensé à l’exposition universelle de Paris de 1867.

En parcourant le trajet en 15 minutes et 6 secondes, Oscar Brandt, de la Chaux-d’Abel, et sa jument grise se montrent les plus rapides. Avec 3 secondes de plus seulement, le deuxième prix est remporté par M. Belrichard, maître d’hôtel à Sonceboz, conduisant une jument brune. M. Wültrich, boucher à Saignelégier, et sa jument, brune également, prennent la troisième place en 15 minutes et 28 secondes.
 
Voiture attelée conduite par Eugène Cattin (1866-1947), facteur aux Bois et photographe. ArCJ 137 J 2813 a.
A l’issue de la journée, un observateur estimait que, compte tenu de «l’état détrempé de la route, de ses rampes et surtout de ses nombreuses sinuosités», la course du Cernil supportait la comparaison avec d’autres tenues sur sol helvétique. Il estimait surtout qu’elle avait été une véritable fête, notamment grâce au concours du beau sexe qui avait décoré la place et à celui de la Société de musique, «quoique en dissolution», qui avait égayé la manifestation. Ses remerciements s’adressaient surtout à M. Müller et au comité d’organisation qu’il encourageait à récidiver en invitant cette fois tous les éleveurs du Jura3.
 

Cyrille Gigandet


1 Le Jura, Volume 16, Numéro 84, 19 octobre 1866.

2 Le Jura, Volume 16, Numéro 87, 30 octobre 1866.

3 Le Jura, Volume 16, Numéro 87, 30 octobre 1866. Article signé d’un correspondant de ou à Tramelan.

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