Le moulin de Malleray, localité du Jura bernois aujourd’hui intégrée à la commune de Valbirse, n’existe plus. Il n’en reste plus aucune trace dans le paysage du village ni dans la mémoire de la plupart des habitants. Seuls subsistent quelques documents, sur parchemin ou sur papier, et de rares illustrations pour situer sa position dans le village, sur l’ancien cours de la Birse, et pour comprendre le rôle crucial qu’il tenait dans l’économie. Parmi les premiers figurent une série de lettres de fief accordées par les princes-évêques de Bâle aux héritiers mâles d’une des branches de la famille Blanchard. L’étude de ces parchemins permet de mesurer l’importance de ce qu’on appelait aussi alors une “usine hydraulique” pour une communauté vivant essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Elle permet aussi de cerner les devoirs et obligations du meunier qui bénéficiait d’un monopole dans l’exercice de sa profession.
Le moulin de Malleray survécut aux révolutions française et industrielle. Devenu propriété de la famille Blanchard, il fut aménagé et transformé par elle au XIXe siècle pour répondre aux besoins nouveaux de l’économie locale et régionale. On en fit finalement un site industriel qui accueillit les premiers ateliers d’horlogerie et de mécanique du village. Avec l’aménagement du paysage alentour, imposé par l’arrivée du chemin de fer, la canalisation de la Birse et le tracé d’une nouvelle route, il ne resta bientôt plus du moulin de Malleray que le nom et le souvenir d’une époque révolue dans la mémoire de quelques-uns. Les premiers plans du village, puis les cartes topographiques fédérales suisse offrent un raccourci saisissant de cette évolution.